J’ai commencé en 99 avec mon tout premier groupe, Tabularasa, qui n’était pas du tout un groupe de hardcore mais plutôt un mélange de Hip-Hop et d’influences latinos et de funk. Ensuite en 2005 c’est là que j’ai rencontré Lord Ezec (alias Danny Diablo, ndlr) avec qui j’ai commencé a bosser et faire pas mal de dates. J’ai commencé par être son hypeman sur scène, puis de j’ai participé à un de ses projets et de fil en aiguille j’étais amener a collaborer avec des membres de son entourage. Peu de temps après je me suis retrouvé membre de Skarhead avec Ezec et Porto-Rican Mike. A cette même période ou je rencontrais Ezec j’ai également fais la connaissance de Danny Boy du groupe House of Pain, qui bossait énormément avec La Coka Nostra. On a passé des journées dans mon studio à LA a maquetter des titres et le résultat a été assez impressionnant. Côtoyer ces deux entités m’a clairement aidé à définir mon identité musicale et l’artiste que je suis aujourd’hui.
Tu a le flow d’un rappeur mais les influences Rock/Hardcore occupe une place importante dans ta musique. Dans quelle catégorie te definirais-tu ?
Comme je l’ai dis j’ai commencé par le Hip-Hop avec mon groupe, mais le fait de jouer avec un band nécessite une capacité d’adaptation importante étant donné la versatilité musicale de chaque membre, donc j’ai du apprendre à varier les styles et les flows au micro. Personnellement c’est assez difficile de me définir parce que si le titre est hardcore je serais dans une vibe hardcore et ca des ressentira dans ma performance, si l’ambiance est Hip-Hop et que le son tourne sur un Boom-Bap je poserais différemment et m’adapterais sans problèmes. C’est un peu pour cette raison que je me suis baptisé « the Gucci punk », j’arbore différents aspects, j’ai ce coté « crado » du punk mais l’influence Hip-Hop est très grande chez moi donc c’était, en quelque sorte, l’appellation qui me définissait le mieux.
Ton premier album va d’ailleurs s’appeler « the original Gucci punk »…
C’est tout à fait moi ! J’aime être bien habillé c’est clair mais je demeure néanmoins un mec de la rue, un vrai punk. Je trouve que le terme « punk » a été trop galvaudé, idem pour le terme « hip-hop », ils ont été sortis de leur contexte et mis au gout du jour. Les gens se prétendent punk juste parce qu’ils portent un trois-quarts et des bracelets cloutés, etc. J’ai aucun problème à aller dans un concert de Punk avec du Gucci, je trouve ça encore plus Punk dans l’esprit parce que tu peux être sure que personne d’autre n’en portera. Au début des années 70, quand les punks allaient à des concerts, ils y allaient habillés comme bon leur semblaient et avec la dégaine qu’ils voulaient avoir. De nos jours tu vas à ces mêmes concerts et tout le monde est habillé de la même manière. Encore une fois j’ai grandit en écoutant de la musique Punk donc j’ai vraiment aucun problème d’identité de ce coté là, mais encore une fois j’aime la mode donc je le montre. C’est plus un état d’esprit, un mode de vie. Cette image de « Gucci punk » ce n’est pas du tout pour faire de la publicité à une marque en particulier, c’est une définition de qui je suis. Je cultive cet aspect luxueux, fashion et grosse liasses mais je n’oublie pas de ramener une couleur plus terne et un son plus sale dans ma musique lorsque c’est nécessaire.
Comment décrirais-tu ton premier album solo en comparaison à tes précédents projets ?
Mon projet solo va être plutôt dur a catalogué parce que je vais y mélanger un grand nombre d’influences. Ca ne sera pas un album de hip-hop, ca ne sera pas un album de hardcore, c’est même assez dur de le définir car il va concentrer différent modes de vie en musique. Je travaille dessus avec Nigel Starr, qui a produit pas mal de trucs pour Ezec (Danny Diablo, Ndr), et pour pas mal de types de la scène rap et hardcore new-yorkaise, ainsi que Tim Armstrong de Rancid qui a écrit quelques trucs. Voilà pourquoi c’est assez difficile de définir le genre musical de l’album, puisqu’on pourra même y trouver des titres limite pop ou assez rugueux mais tout de même diffusable en radio. J’essai d’accéder à ce marché et d’être beaucoup accessible à ce nouveau public. Voilà en gros la différence entre ce disque et les précédents.
Un disque intitulé « the introduction » devait sortir via Suburban Noize mais n’a jamais vu le jour quand est-il aujourd’hui ?
Effectivement il devait sortir chez Suburban Noize mais ça n’a pas pu se faire, du coup je vais le sortir sous forme de street-cd via Ill Roc Records, le label que Ezec vient de monter il y a quelque temps. Ce disque sera un mélange des différents styles que j’ai pu expérimenter au cours de ces dernières années. J’y ai inclus l’ensemble des morceaux que j’ai pu enregistrer et qui n’avaient toujours pas servis depuis environ trois ans, que ce soit des titres street, hip-hop ou encore punk-rock, notamment quelques collaborations avec des artistes de Suburban Noize comme Big B et Dirtball. Tout cela sera très bientôt disponible mais chez Ill Roc Records.
Tu a été très présent dans la scène underground, était-ce par choix ? Pensais-tu qu’aucune maison de disque ne pouvait faire plus pour toi que ce que tu faisais déjà avec les différents labels indépendants avec lesquels tu a travaillé ?
Je ne pense pas réellement que les maisons de disque n’ont rien de plus à m’apporter au contraire. En ce qui concerne mon statut d’artiste underground je me suis en fait coupable par association. C'est-à-dire que j’ai fais mes classes dans l’underground, c’est une scène que j’ai écumé et je ne le renie surtout pas. J’adore ce type de hip-hop, j’adore ce type de punk rock mais comme je le dis souvent, underground signifie « under paid » (sous payé, Ndr) et depuis quelque temps l’industrie du disque a prit un tournant décisif surtout en terme de vente de disques, car les gens n’achètent pratiquement plus, ils téléchargent. En ce qui me concerne j’ai décidé avec cet album solo « the original Gucci punk » d’atteindre de nouvelles perspectives et de mettre un pied en dehors de la scène underground, de m’essayer à un style de musique beaucoup accessible à une audience plus large.
Interview par Chino Brown
Photo : D.R